1 octobre
Je pars pour Tachkent depuis Novossibirsk, via Fergana (sur mon billet c’est censé être via Namangan, mais bon tant que j’arrive à Tachkent, je suis satisfait). L’avion (A320 d’Uzbekistan Airways) ne doit pas être loin de la surcharge vu le nombre de bagages enregistrés par tous les Ouzbeks devant moi, mais on décolle quand même… On survole une partie du Kirghizistan et la vue des montagnes me donne vraiment envie d’y aller un jour. Escale d’une petite heure sans sortir de l’avion, et arrivée à Tashkent à 19h. Foire d’empoigne pour passer les douanes (tous les bagages sont passés aux rayons X, et il y a une file énorme). Finalement je réussis à sortir et suis accueilli par Anatoly, couchsurfeur qui m’héberge pour la nuit. On prend le bus pour aller chez lui, un appart dans un immeuble de style soviétique. Bref, je me crois encore en Russie. Soirée sympa avec une de ses amies, on jase et s’essaye au karaoké.
2 octobre
Après une courte nuit, je pars pour l’aéroport dans un « taxi » (une voiture qui s’arrête et avec qui Anatoly négocie un prix pour moi). Nouveau terminal domestique presque neuf. Vol pour Urgench plein, dont des groupes de touristes avec guide (je dois être le seul touriste non accompagné). Je suis cette fois-ci accueilli par le taxi de l’hôtel que j’avais réservé, par une pancarte à mon nom. On se rend à Khiva, ville ancienne fortifiée. Là l’atmosphère change et je suis bien en Asie Centrale. C’est digne des Contes des 1001 nuits. Il est 10h, je dépose mes affaires à l’hôtel et pars faire un premier tour dans la ville avant de rencontrer les Québécois comme prévu à 12h30. Heureuses retrouvailles après 15 mois (en Autriche), et rencontre de mon « coloc » Robert. On part manger (soupes ouzbèkes), puis on continue la visite de la ville. Au programme, madrasas (écoles coraniques), mosquées, minarets, caravansérail, tous surmontés de dômes bleus.
On retourne prendre l’apéro et fêter dignement nos retrouvailles sur le toit de l’hôtel (la seule soirée du séjour où il ne fera pas froid), avant d’aller manger au même endroit qu’à midi (plov et shashliks). JF et moi terminons la soirée par une dernière bière sur le toit.
3 octobre
Réveil difficile (dû à la bière de la veille), petit-déjeuner puis route en taxi partagé jusqu’à Boukhara (simplement voiture qui accepte de nous amener là-bas, à 470 km de Khiva…). La route est correcte au début, tant qu’on reste dans la zone irriguée.
À ce propos, historiquement l’Ouzbékistan est quasiment entièrement désertique hormis le long des fleuves. Mais les Soviétiques ont entrepris un travail titanesque d’irrigation en déviant une bonne partie de l’eau des fleuves, entraînant l’assèchement de la mer d’Aral. La surface cultivable augmentée de façon significative a permis la culture, notamment du coton dont on voit des champs à perte de vue.
Dès qu’on quitte la zone irriguée, on se retrouve dans le désert et la route se détériore rapidement, finit sans revêtement sur un bon nombre de kilomètres. Une nouvelle route est entrain d’être construite, mais est loin d’être finie.
En se rapprochant de Boukhara on retrouve une route correcte. La pause de midi se fait dans un resto au bord de la route, où on a mangé notre meilleur pain du séjour (encore chaud sorti du four). Deux groupes de touristes en bus s’y arrêtent également (dont un groupe qui était avec moi dans l’avion la veille…).
On reprend la route, le réservoir d’essence quasiment vide. Après avoir longtemps roulé avec l’aiguille à zéro et s’être arrêtés à plusieurs stations (apparemment vides), on trouve enfin un endroit où faire le plein. Le chauffeur nous explique (à moitié en russe à moitié en anglais) qu’il y a des problèmes avec l’essence en Ouzbékistan. La majorité des véhicules fonctionne d’ailleurs au gaz.
On arrive à bon port, notre hôtel est vraiment très bien, dans une ancienne madrasa. Après deux bières on se rend dans un resto italien (mes amis en on marre des plats ouzbeks…). Trois sortes de pâtes seulement (et un résultat assez lointain de ce qui est décrit), les pizzas sont tout à fait correctes. On fait connaissance avec le vin ouzbek. Intéressant pour l’expérience (vin rouge madérisé léger), passées la première gorgée et grimace, ça passe…
4 octobre
On visite Boukhara, ville plus grande que Khiva, mais qui a gardé son esprit et atmosphère orientales. C’est ma ville préférée. On est entourés de groupes de touristes français. Il doit y avoir plusieurs agences de voyages françaises qui proposent des tours en Ouzbékistan. Les commerçants parlent même français ! À nouveau, madrasas, mosquées et minarets.
On mange à midi dans un resto sur une jolie place au bord d’un bassin. Plov et soupes (je vais arrêter de détailler les repas, c’est toujours la même chose…). Après le repas je retire des dollars avec ma carte dans une agence bancaire.
À ce propos, la monnaie locale est le soum, qui ne vaut pas grand-chose ($1 = 2500 soums). Et le billet le plus gros est 1000 soums. Autant dire qu’on ne peut pas se promener avec juste un portefeuille. Il faut une sacoche pleine de billets. Vu l’inflation galopante, le dollar est une monnaie parallèle, avec un cours officiel et un cours au marché noir (dont on profite).
On part visiter le palais d’été de l’émir (à côté duquel le Président Ouzbek Karimov, au pouvoir depuis l’indépendance en 1991 – et même depuis 1989 en tant que secrétaire général du parti communiste de la République Soviétique d’Ouzbékistan, a fait construire sa résidence d’été). Au retour on demande à notre chauffeur où on peut acheter du vin, et il nous indique le marché couvert. On y trouve trois bouteilles.
Avant l’apéro (pendant que les bouteilles refroidissent) on refait ensuite un tour en ville pour voir les monuments éclairés par le soleil de fin d’après-midi.
Vin encore madérisé, mais on finit par s’y faire, surtout au repas (shashliks dans le même resto qu’à midi), où on en reprend deux autres.
5 octobre
Pas mal à la tête, ça tient du miracle ! On s’en va visiter la nécropole de Tchor Bakhr, un peu à l’extérieur de la ville. Cette fois en marshrutka (bus local) plutôt qu’en taxi. Mosaïques bleues et tombes alignées, construit au XVIe siècle pour les membres de la secte des soufis djoubaïri (d’après mon guide).
À propos de tous ces monuments, ils ont tous connus de nombreuses restaurations, voire reconstruction, ce dès le XIXe siècle, et encore aujourd’hui (dont certains sous l’égide de l’UNESCO). La région a connu des guerres et est une zone sismique, certains bâtiment se sont complètement effondrés avec le temps. Le résultat de ces restaurations est parfois époustouflant et c’est beau de voir ce patrimoine culturel conservé.
Dernier repas dans notre resto préféré au bord du bassin, puis après-midi tranquille, on part boire un thé dans un endroit recommandé par nos guides (Lonely Planet et Petit Futé). Trois sortes de thés aux épices et deux cafés, le tout accompagné de sucreries. On y passe près de deux heures. Pendant ce temps plusieurs groupes (français et allemands) défilent, leur guide leur laissant à peine quinze minutes pour enfiler un thé et repartir…
Soirée au restaurant italien, on fait exploser la facture et on dépasse 100 000 soums pour nous quatre (un peu plus de 30 euros). C’est notre repas le plus cher du séjour ! On décide que l’expérience du vin ouzbek a été suffisamment longue pour arriver à une conclusion : on n’en reprendra plus… Le repas a été agrémenté de musique : un violoniste (un peu faux), une pianiste et un batteur. Programme très ambitieux : la Petite Musique de Nuit, les Quatre Saisons de Vivaldi, l’Air et la Badinerie des Suites de Bach. Jamais plus on n’écoutera ces pièces de la même façon !
6 octobre
JF, Andréanne et moi partons pour la gare tandis que Robert nous quitte et part pour l’aéroport. C’est la fin de son séjour. De notre côté on a trois heures de train pour Samarkand, capitale de l’Empire de Tamerlan au XIVe siècle. Train bien confortable, il y a même une télé et ils passent des films (ouzbeks). Bon, le premier film bloque avant la fin et on ne sait pas si le héros est mort ou non. Une fois arrivés, on négocie un taxi jusqu’à l’hôtel. Ce sera notre hôtel le moins bien du séjour. Personnel pas sympa, salle de bain extrêmement petite, eau à peine tiède, wi-fi par intermittence.
On part découvrir les monuments de la ville. Au contraire de Khiva et Boukhara, ils sont éparpillés dans la ville moderne construite par les Soviétiques. Aussi impressionnants qu’ils puissent être (notamment le Registan), la ville ne laisse pas la même impression que les deux précédentes. Peut-être on commence aussi à saturer des dômes bleus. C’est une journée particulièrement fraîche, et on garde une petite laine même en plain soleil.
Pour le repas du soir, on « craque »… On va dans un restaurant qui fait des hamburgers (repéré pendant la journée).
7 octobre
Deuxième et dernière journée à Samarkand. La chaleur est de retour. Sur les conseils de Robert, on a un peu bousculé les plans et raccourci le séjour à Samarkand (initialement prévu trois jours). Et c’est bien vrai qu’on a eu le temps de visiter les sites principaux : Registan et Gour Emir (mausolée de Tamerlan) la veille, Mosquée Bibi Khanm et nécropole Shah-I Zinda ce jour. Grâce à internet, on a pu avancer notre arrivée à la prochaine étape d’une journée.
On croise un couple qui était avec nous dans l’hôtel à Boukhara et dans le train la veille. Tout le monde a le même plan de visite !
Le soir, poulet rôti pour JF et moi.
8 octobre
Ayant refusé le tarif exorbitant que nous proposait le gars de l’hôtel pour nous rendre à Yangikishlok (de son ancien nom Forish), on se rend à la gare de bus, et on se négocie un taxi partagé jusqu’à une ville à mi-chemin. On est tous les trois assis sur la banquette arrière, et un Ouzbek russophone sympa est assis en avant. Il jase presque tout le long avec moi, et on est surpris de voir qu’il sait que Montréal est à moitié anglophone et Québec francophone ! Le terrain change, des zones irriguées on arrive non pas dans le désert, mais dans la steppe. Arrivé à Jizzakh, il nous trouve un autre chauffeur pour nous rendre à destination, et on s’en tire pour près de trois fois moins cher que ce que le gars de Samarkand nous demandait ! Sur la route toute droite au milieu de la steppe, au son de « Voyage, voyage » de Desireless (le chauffeur avait un best-of des années 80), totallement irréel !
A Yangikishlok, on est accueillis par le type de l’agence d’éco-tourisme que JF avait contacté. On paye pour nos deux nuits, et on se rend dans un village (plutôt hameau) dans les montagnes de Nuratau au-dessus de la steppe. On est accueillis par la famille qui va nous loger pendant deux jours. Le père parle russe, un des fils (que l’on ne verra qu’occasionnellement le soir) parle un peu anglais, tous les autres ne parlent que tadjik et ouzbek.
À ce propos, la région de Boukhara, Samarkand et les montagnes où on est sont majoritairement peuplées de Tadjiks. Il faut dire que les frontières entre toutes les républiques en –istan on été tracées par Staline sans considération pour les populations, d’où les tensions qui apparaissent régulièrement ça et là.
Maison rustique, toilettes rustiques (mais à l’occidentale), électricité intermittente, pas de réseau de téléphone portable. On est très proche des vraies conditions de vie rurale… La famille élève des bêtes (vaches, moutons, chèvres, poules) et cultive un grand jardin, le tout sous l’ombre de grands arbres (noyers notamment). Un ruisseau passe au milieu. Très certainement agréablement frais en été quand la canicule plombe la steppe, en octobre c’est rapidement très frais voire froid…
Après le repas de midi (un cavarnak, sorte de potée), on part faire une randonnée vers un village dans une vallée avoisinante avec Furqat, un des fils qui ne parle que quelques mots de russe. Mais la langue des signes fonctionne. On a une belle vue sur les montagnes et la steppe. De retour juste après le coucher du soleil, le froid nous surprend (surtout Andréanne). Grosse bière (bouteille en plastique d’un litre et demi), mantis (gros raviolis) au souper, on tient jusqu’à 20h puis on s’en va se coucher. Heureusement on nous fournit des bons sacs de couchages, et on est bien au chaud toute la nuit.
9 octobre
Réveil tôt (forcément, en étant couché à 20h la veille), petit-déjeuner, puis on part pour la journée avec Furqat, dans une autre vallée en passant par la montagne avec des vues magnifiques sur la steppe.
On s’arrête dans la matinée pour prendre le thé chez des membres de la famille, puis on continue jusqu’à un autre gîte qui nous sert un plov.
On refuse une tentative de Furqat de nous faire revenir en voiture (on est là pour randonner !), et on retourne dans la vallée d’à côté pour une nouvelle soirée très froide. On dort tous assez mal la nuit-là.
10 octobre
Réveil à 4h pour être prêts à se rendre à la gare de bus. C’est en effet plus facile de trouver un taxi quand un bus part au même moment. Et effectivement, à côté du bus de 5h40 pour Tashkent (un vieux bus français sur lequel le numéro de téléphone n’a que huit chiffres), on négocie un taxi pour Tashkent.
Et c’est parti à fond la caisse. On arrive à 9h à l’hôtel (au lieu de 11h à la gare de bus si on avait pris le bus). JF et Andréanne étaient déjà passés deux fois dans cet hôtel, et la fille qui s’occupe de nous est très sympa et parle un français parfait. Je n’avais pas réservé de chambre (au départ c’était prévu que je revienne seul à Tashkent et que j’aille chez mon couchsurfeur), mais il y en a une de libre, donc j’en profite ! D’autant plus que JF et moi ne nous sentons pas très bien. On se couche donc jusqu’à midi.
L’après-midi on se balade dans les rues de Tashkent, ville très verte et pleine de parcs. On se rend à la tour de télévision et Andréanne et moi montons à la plate-forme d’observation (qui ne vaut pas vraiment le coup mais bon…). On retourne à l’hôtel en métro avec une petite mésaventure pour JF que je lui laisserai le soin de raconter.
Pendant qu’il fait baisser sa fièvre, Andréanne et moi partons manger.
11 octobre
Le petit-déjeuner est notre dernier repas ensemble, JF va beaucoup mieux. L’heure des adieux arrive et je prends un taxi pour l’aéroport.
Mon vol retour (direct) pour Novossibirsk se passe sans encombre.
Au final, dix jours très dépaysants en bonne compagnie !
Les photos vont suivre bientôt, en voici juste une...
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