Avec David, on a eu le projet un peu fou d'aller dans l'Altaï, la chaîne de montagnes au sud de Novossibirsk, juste pour le weekend...
Après avoir demandé conseil à différents collègues, il s'avère que c'est possible, moyennant beaucoup de route. Cette route, la M-52, part de Novossibirsk et s'en va jusqu'à la frontière mongole, à plus de 950 kilomètres. La dernière ville ouverte aux étrangers (sans permis spécial dont l'obtention prend trois mois) est Koch-Agatch, environ 50 km avant la frontière. C'est notre objectif !
Contacts pris via couchsurfing pour une étape à Biysk (Бийск), à 350 km de Novossibirsk, et éventuellement à Gorno-Altaysk (Горно-Алтайск), 100 km plus loin.
On part vendredi soir à 17h de Schlumberger. La route est pas mal chargée, il se met à pleuvoir (parfois très fort). On arrive à Byisk à 21h30, ce n'était pas le voyage le plus agréable que j'aie fait. On est accueillis par Lena, une Russe passionnée de randonnée qui nous montre des photos de certains treks dans l'Altaï, très alléchants !
Samedi matin, on décolle à 8h30, sous le soleil mais on rattrape les nuages vers Gorno-Altaysk. Le plafond est plutôt bas et il tombe quelques gouttes de pluie, mais au fur et à mesure que l'on avance vers le sud, le ciel se dégage. A partir de Gorno-Altaysk, la route serpente au milieu des montagnes. Tout d'abord des collines, puis de la moyenne montagne, ressemblant par moments au Jura. Viennent ensuite des montagnes de type alpestres, parsemées de mélèzes jaunissant. Très Queyras en fait... Mais cela change constamment, certains fonds de vallées sont plats en escaliers et ressemblent à des mini-steppes. Tout le long, la route est vraiment très bonne, et quand la pente n'est pas trop forte, la Niva roule facilement à 90-100 km/h (bon dans les montées à plus de 10%, je plafonne à 60 km/h). Il faut toutefois rester vigilant tout le long, car les vaches, chèvres, moutons et chevaux en liberté regardent rarement à gauche et à droite avant de traverser... Pendant longtemps, on longe la rivière Katoune (Катунь) (qui lorsqu'elle rencontre la rivière Bya, Бия, après Byisk devient le fleuve Ob). Elle est bleutée et laiteuse, signe d'origine glaciaire.
Soudainement, après Aktach, Акташ (au kilomètre 788 de la M-52), des hautes montagnes enneigées apparaissent à l'horizon. De dernières gorges à traverser et on arrive à Kouraï (Курай). Et là, on change de pays ! Une steppe (la steppe Kouraïskaya, Курайская степь) s'étend devant nous, bordée de hautes montagnes enneigées. C'est magique ! Et ce qu'on ne sait pas encore c'est que cette steppe est petite (environ dix kilomètres sur quinze) comparée à la suivante, que l'on atteint après un dernier passage dans une gorge boisée. Trente kilomètres de large, une centaine de kilomètres de long, c'est la steppe Thouïskaya (Чуйская степь) qui s'étend jusqu'à la frontière mongole. Il est 17h30, on arrive à Koch-Agatch (Кош Агач). A ce moment, on est à 50 km de la Mongolie, 100 km de la Chine et 120 km du Kazakhstan.
On est bien décidés à trouver un endroit où loger. Le Lonely Planet ne nous est d'aucune aide, aucune des adresses qui y figurent n'a l'air d'abriter un hôtel... On s'arrête dans un magasin pour demander si ils savent où on peut trouver un hôtel. Un gars nous dit de le suivre, et il nous amène à un hôtel dans une rue avoisinante. On entre et demande s'il y a de la place. Les clients qui y sont nous disent que c'est complet. On se demande bien qui peut avoir l'idée de venir là... Les voitures stationnées ne sont pas russes, ce sont peut-être des Mongols. D'ailleurs la population dans la République de l'Altaï est très minoritairement russe, c'est bien la première fois en Russie que je me sens vraiment en Asie. Bref, on redemande à quelqu'un dans la rue qui nous pointe une autre rue. Effectivement il y a un hôtel. Les seuls clients qui y sont appellent le propriétaire qui nous rejoint. Il nous explique qu'il va avoir du mal à nous loger, parce qu'on est étrangers et qu'il faut qu'on soit enregistrés. On a beau lui dire qu'on vit à Novossibirsk et qu'on y est enregistrés, cela ne suffit pas. On se voit déjà devoir retourner à Aktach (à une centaine de kilomètres), où on a vu un hôtel moderne au bord de la route. Je dis moderne, parce qu'à Koch-Agatch, c'est très rustique...
Finalement le gars nous pointe un autre endroit, un soi-disant hôtel en réfection qui aurait peut-être de la place. On y va, stationne devant, et quelqu'un nous voit, nous demande si c'est nous qui cherchons un hôtel (je pense qu'à ce moment, tout le village sait que deux étrangers cherchent à se loger...). Il nous propose une chambre pour 300 roubles par personne (autant dire dérisoire). Je ne sais pas si c'est par précaution, mais il me fait garer la Niva dans la cour arrière bien à l'abri de la rue... La chambre est très rustique, il y a une salle de bain commune, mais comparé à l'île d'Olkhon, il y a l'eau courante et des toilettes normales... On fait une dernière balade dans le village pour profiter du coucher de soleil, et on retourne à la chambre, casser la croûte avant de se coucher (on n'a pas trop cherché, mais on n'a pas trouvé de restaurant ou de cantine ouverte, un samedi soir...). D'autres chambres sont occupées et vue l'épaisseur des murs, on profite de la télé d'une et des chanteurs à la guitare de l'autre. Cela ne m'empêche pas de m'endormir...
Dimanche matin, réveil à 6h30, petit déjeuner rapide puis on se balade une dernière fois dans le village sous le soleil levant. Le paysage est extraordinaire avec la steppe et les montagnes enneigées éclairées par le soleil. On rencontre un gars qui nous dit : «Ah vous êtes Français !». On n'est pas sûrs s'il nous a entendus parler français, mais je pencherais plutôt sur les ragots qui ont fait le tour du village... On reprend la route à 7h30, vers la frontière mongole, mais à un kilomètre de la sortie du village, un panneau expliquant qu'il faut un permis spécial pour continuer nous arrête. Et comme il est en russe et en anglais on pourrait difficilement jouer les étrangers qui n'ont pas compris si on se fait arrêter. A 8h on quitte donc définitivement Koch-Agatch et la steppe Tchouïskaya. On n'aura donc vu ni chameaux ni yaks, qui a priori sont présents dans la steppe ou les montagnes environnant la steppe.
A partir de là, la route du retour se fait très bien, entrecoupée de pauses photos (le ciel est plus dégagé que la veille). En plus la plupart du temps c'est de la descente, donc la Niva s'en porte d'autant mieux, et 110 km/h sont atteints facilement. Tellement facilement que je me fais arrêter pour excès de vitesse dans un des villages... 95 km/h au lieu de 60 km/h. Le flic a été très sympa, ne m'a pas demandé de le payer directement, et a juste rempli un formulaire d'amende (300 roubles, à nouveau dérisoire) que je payerai à Novossibirsk. Mis à part cet incident, rien de spécial à signaler, et les 900 kilomètres vers Novossibirsk ont été parcourus en douze heures. J'ai grandement amélioré mes compétences de dépassement, mais ne suis (fort heureusement) pas encore totalement au standard russe, qui dit que même quand tu penses que ça ne va pas passer, il faut quand même essayer, au pire la voiture d'en face freinera ou se déportera sur le bas-côté...
Bilan: 51h dont 25h30 de route, 1821 km au compteur, deux jours bien remplis, des paysages époustouflants plein les yeux, deux cents photos qui ne parviendront jamais à rendre exactement ce qu'on a vu (surtout les étendues de la steppe), et une seule envie : y retourner cette fois plus longtemps !
lundi 20 septembre 2010
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